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Biographies
26 avril, 2007, 21:48
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Vous trouverez ci-dessous les différentes biographies des écrivains à qui nous avons consacré nos lectures publiques en début d’année 2007.

BIOGRAPHIE DE ITALO CALVINO

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Italo Calvino, écrivain italien est né à Santiago de Las Vegas à Cuba le 15 octobre 1923, il décède à Sienne en Italie le 19 septembre 1985 à l’âge de 62 ans, il est l’un des plus grands écrivains italiens du XXe siècle avec Alberto Moravia, César Pavèse ou Dino Buzzati. 

Calvino est né à Cuba où son père Mario, d’origine ligure, travaille comme agronome, et sa mère Evelina Mameli (ou Eva), native de Sardaigne, est biologiste. 

En 1925 il rentre en Italie alors sous la dictature de Mussolini où il grandit (à Sanremo) et reçoit une éducation laïque et antifasciste. 

Lorsque la guerre éclate, il interrompt ses études d’agronomie ; en 1943, il rejoint les partisans des brigades Garibaldi et en 1945, il se retrouve à Turin où il collabore avec plusieurs journaux, s’inscrit au parti communiste et entreprend des études de lettres qu’il conclura brillamment par un mémoire de littérature anglaise sur Joseph Conrad. À cette période, il fait la connaissance de Cesare Pavese qui l’encourage à écrire. 

En 1947, il publie son premier roman, Le Sentier des nids d’araignées, qui évoque son expérience de résistant. L’œuvre rencontre un certain succès. En 1949 paraît Le Corbeau vient le dernier. Ces deux œuvres naissent dans l’atmosphère néoréaliste mais sont empreintes, la première surtout, d’un style qui se rapproche de la fable. 

En 1952, sur les conseils de son éditeur, il abandonne sa manière néo-réaliste et se laisse aller à ses penchants pour le conte fantastique, à travers Le Vicomte pourfendu qui formera, avec Le Baron perché et Le Chevalier inexistant, la célèbre trilogie Nos ancêtres, vision allégorique de la condition humaine moderne. Entre 1950 et 1956, il entreprend la compilation et la traduction des Contes populaires italiens à partir de contes folkloriques du XIXe siècle

Après l’invasion de la Hongrie en 1956, Calvino se détourne du parti communiste et, progressivement, de l’engagement politique. 

Au début des années 60, dans deux articles : La mer de l’objectivité et Le défi au labyrinthe, il réfléchit à la situation littéraire internationale et tente de définir sa propre poétique dans un monde de plus en plus complexe et indéchiffrable. 

Il publie en 1963 La Journée d’un scrutateur, puis en 1964 s’installe à Paris où il entrera en contact avec les membres de l’OuLiPo. Parallèlement, son intérêt pour les sciences naturelles et la sociologie ne cesse de croître. Celles-ci influeront sur son œuvre : Cosmicomics (1965) est un recueil de contes fantastico-scientifiques, qui illustrent une fois de plus son goût pour le fantastique. En 1964, il se marie et a une fille l’année suivante. 

Le Château des destins croisés (1969), Les Villes invisibles (1972), Si par une nuit d’hiver un voyageur (1979), appartiennent au « système combinatoire des récits et des destins humains », système à l’aide duquel Calvino – en s’appuyant sur un certain nombre d’éléments (les figures du tarot dans Le Château des destins croisés) – prétendait construire ces récits. Ce « systématisme » traduit l’influence de l’OuLiPo et le goût de ses membres pour toutes les formes d’écriture à contraintes. 

Il meurt en 1985 d’une hémorragie cérébrale, alors qu’il préparait, pour l’université de Harvard les Leçons américaines, qui paraîtront après sa mort. 

L’esthétique de Calvino 

De Calvino, Roland Barthes disait : « Dans l’art de Calvino et dans ce qui transparaît de l’homme en ce qu’il écrit, il y a – employons le mot ancien, c’est un mot du dix-huitième siècle – une sensibilité. On pourrait dire aussi une humanité, je dirais presque une bonté, si le mot n’était pas trop lourd à porter : c’est-à-dire qu’il y a, à tout instant, dans les notations, une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. » 

L’expérience néo-réaliste 

Le néoréalisme fut, davantage qu’une école, une façon de ressentir les choses partagée par les jeunes écrivains de l’après-guerre, qui se sentaient dépositaires d’une réalité sociale nouvelle. 

Calvino, faisant référence à cette période, déclare qu’après la guerre il avait tenté – sans obtenir de résultat probant – de raconter, à la première personne, son expérience de résistant. C’est seulement après qu’il a adopté un point de vue extérieur, et donc un certain détachement, que son travail lui a donné entière satisfaction. 

C’est ainsi que Calvino conçut Le Sentier des nids d’araignées. En adoptant le point de vue de Pin, le jeune narrateur, il confère un caractère fabuleux, fantastique au récit. Par ce moyen détourné, l’écrivain parvient à parer la réalité des attributs du rêve sans pour autant lui faire perdre sa consistance, tandis que la dimension mythico-fabuleuse évite au récit les lourdeurs de ce qui aurait pu être une œuvre emphatique sur la Résistance Ainsi Calvino amorce-t-il un procédé qui lui deviendra propre : alléger la narration afin de rendre l’œuvre – selon le niveau d’interprétation adopté – accessible à tous, y compris aux lecteurs non avertis. 

Ce choix, motivé au départ par des raisons idéologiques faciles à comprendre, permettra par la suite à Calvino de multiplier les niveaux de lecture de ses œuvres. Même dans Le Corbeau vient le dernier, tout en adhérant à l’esthétique néo-réaliste, Calvino ne peut s’empêcher d’y conserver la veine fabuleuse bien qu’abandonnant cette fois le point de vue de l’enfant. 

La période fantastique 

Calvino a toujours été attiré par la littérature populaire, l’univers de la fable, en particulier. Dans Le Vicomte pourfendu, il exploite la veine fantastique : le cadre est celui de la fable tandis que la narration se fait sur deux niveaux : le plus immédiatement perceptible, le récit fabuleux, mais aussi le niveau allégorique et symbolique qui est très riche (il développe notamment les thèmes du contraste entre réalité et illusion, idéologie et éthique, etc.). Mais la morale du roman est d’abord une invitation à la nuance, puisqu’il apparaît que la vérité absolue est une chimère. 

Les deux autres romans de la trilogie Nos ancêtres obéissent au même principe de fonctionnement. Le héros du Baron perché est un alter ego de Calvino, désormais débarrassé de ses anciennes conceptions et qui ne voit plus la littérature comme porteuse d’un message politique. Le Chevalier inexistant, dernier de la trilogie, est un roman plus sombre, en revanche. 

A côté de cette production « fabuleuse », Calvino continue à traiter dans ses œuvres de la réalité quotidienne. 

A ce cycle appartient Marcovaldo, roman en deux parties. La première (1958) se rapporte davantage à la manière de la fable tandis que la seconde (1963) aborde des thèmes urbains sur un ton qui confine à l’absurde. La même année que ce dernier, paraît La Journée d’un scrutateur dans lequel Calvino raconte la journée électorale d’un militant communiste, scrutateur dans un asile faisant office de bureau de vote, qui est profondément troublé par son contact imprévu avec un monde parfaitement irrationnel. 

Italo Calvino aura écrit au cours de sa vie une quarantaine d’œuvres littéraires (Romans et nouvelles). Et aura collaboré comme scénariste à cinq films : Amours difficiles de Nino Manfredi en 1962, Boccace 70 de Mario Monicelli, la même année, Ti-Koyo et son requin de Folco Quilici en 1964, le chevalier inexistant de Pino Zac en 1969, enfin un remake d’amours difficiles d’Ana Luisa Liquon en 1983 

BIOGRAPHIE DE COLETTE 

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Difficile d’aborder la biographie de Colette, sans souligner la complexité, les multiples personnalités de cet auteur, à elle seule, véritable personnage de roman. 

Colette fut une enfant, puis une jeune fille, enfin une femme, aimant la nature, les animaux, elle y consacra nombre de ses œuvres, et pourtant elle vécu la plus grande partie de sa vie en ville et quelle ville, Paris à la Belle Epoque ! 

Colette fut, pour son époque, jugée comme scandaleuse, mutine, libertine, et pourtant la même, fût jalouse au point de chercher à détruire, il n’est vrai que par les mots, ces époux volages. 

Colette fut l’écrivain prolifique que l’on sait et sut donc s’enfermer dans la solitude de l’écriture, elle qui vécut durant de longues années, les années folles, dans le milieu interlope du spectacle fait de bruit et de fureur, de frou frou, de fêtes, le Paris mondain… 

Colette fut enfin la féministe et surtout l’insoumise, la rebelle et pourtant elle accepta les honneurs, la présidence de l’Académie Goncourt, le grade d’officier de la Légion d’honneur. 

Son enterrement lui-même fut contrasté, elle eu droit aux funérailles nationales mais se vu refuser une messe par le clergé qui jugea le personnage pour le moins trop sulfureux. 

Colette naquit le 28 janvier 1873 à Saint Sauveur en Puisaye, pas très loin d’ici. Dernière enfant du couple formé par ces parents mythiques que sont devenus Sido (Sidonie Landoy) et le capitaine Colette, elle a vécu une enfance heureuse dans ce petit village de l’Yonne. Adorée par sa mère au sein d’une nature fraternelle, elle rencontre adolescente Henry Gauthier-Villars, surnommé ‘Willy’, avec qui elle se marie le 15 mai 1893 à Châtillon-Coligny. Elle a tout juste 20 ans. 

Plusieurs choses à souligner concernant cette union qui apparût pour le moins surprenante dans les milieux parisiens du spectacle. Tout d’abord relever la controverse des biographes qui ont du mal à se mettre d’accord sur le comment s’est fait la rencontre entre Colette et Willy. Comment aussi le dénommé Willy, don juan et noceur des nuits parisiennes, peut-il épouser une inconnue, et provinciale de surcroît. L’écrivain et homme de théâtre Courteline à décrit ce couple sous les mots de l’ingénue et le libertin. Pour le moins un raccourci révélateur de ce que pensait la Paris mondain de cette union. Quoi qu’il en soit ce mariage et plutôt bien vu par la famille, Willy représente un bon parti et cela arrive au bon moment alors que les Colette sont ruinés, en 1890, les meubles ont été vendus aux enchères publiques.   

Willy, outre sa vie nocturne fort agitée est aussi auteur de romans populaires, qui fait  travailler à son profit une équipe de collaborateurs. Il introduit Colette dans les cercles littéraires et musicaux de la capitale. Elle y côtoie entre autres Marcel Proust, André Gide, Anatole France, Claude Debussy, Paul Léautaud, Oscar Wilde, Pierre Louys, et aussi Courteline que nous avons déjà cité. 

Vite saisi par les dons d’écriture de sa jeune épouse, Willy l’engage à écrire ses souvenirs de jeunesse, qu’il signe sans vergogne de son seul nom et surtout agrémente de passages licencieux. Ce sera Claudine à l’école, bientôt suivi d’une série de Claudine (La maison de Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, etc.), dont les romans seront publiés sous le nom du seul Willy.  Avant son mariage, Willy fut, entre autres, l’amant de Marie Louise Servat (dite Germaine) avec qui il eu un fils, Jacques Henry Gauthier-Villars. La dénommée Germaine était la femme d’Emile Courtet, dessinateur et surtout premier réalisateur français de films d’animation. Son union avec Colette ne stoppa aucunement les aventures galantes et extraconjugales de Willy. C’est dès les premiers mois de son mariage, que Colette découvre que son mari la trompe.   

Jalouse, consternée de devoir être enfermée dans un rôle d’épouse bafouée, Colette se libère de plus en plus de cette tutelle, et, encouragée par Georges Wague, homme de théâtre, commence une carrière dans le music-hall (1906-1912), où elle présente des pantomimes orientales dans des tenues suggestives, puis au théâtre Marigny, au Moulin-Rouge et au Bataclan. Ce sont des années de scandale et de libération morale : elle se sépare de Willy en 1906 pour finalement divorcer en 1910, période où elle connaît plusieurs aventures féminines, notamment avec Mathilde de Morny (Missy), fille du duc de Morny et sa partenaire sur scène. 

Durant toute cette période, Colette chemine aussi dans sa vocation d’écrivain. Elle publie des ouvrages évoquant ces années: La vagabonde, L’envers du music-hall, En tournée, etc. Une attention de plus en plus précise à la justesse des mots, notamment lorsqu’ils sont chargés d’exprimer l’effusion dans la nature, une sensualité librement épanouie pour revendiquer les droits de la chair sur l’esprit et ceux de la femme sur l’homme, voilà quelles sont les lignes de force de cette écriture qui reste encore à saluer, tant jusqu’à aujourd’hui, la critique littéraire a manifesté contre elle son machisme. 

Sans nul doute que Colette, petite provinciale débarquée à Paris au printemps 1893 s’est forgé un caractère, est devenue une femme libre et libérée, le milieu qu’elle a fréquenté, n’est en rien étranger à cette profonde transformation, même si nous pouvons penser qu’elle possédait déjà en elle-même, cet esprit frondeur et fort. 

Après son divorce, Colette a une brève liaison avec Auguste-Olympe Hériot, rencontré à la fin de 1909. Elle rencontre ensuite Henry de Jouvenel, politicien et journaliste, qu’elle épouse en 1912 et qui l’engage à donner quelques billets et reportages au journal Le Matin, dont il est le rédacteur en chef. Elle prendra en 1919 la direction littéraire de ce journal. De ce second époux, elle aura sa seule enfant, Colette Renée de Jouvenel, dite «Bel-Gazou» « beau gazouillis » en provençal. À quarante ans, elle joue aussi un rôle d’initiatrice auprès du fils d’Henry, Bertrand de Jouvenel, dix-sept ans, expérience qui nourrira les thèmes et les situations dans Le Blé en herbe

En ce qui concerne Chéri, il s’agit d’un fantasme qui est devenu réalité, puisque le livre est publié en 1920 mais sa conception remonte à 1912, soit quelques années avant sa liaison avec Bertrand de Jouvenel. Le divorce d’avec Henry de Jouvenel sera prononcé en 1923. Comme elle le fera pour Willy dans Mes apprentissages, Colette se vengera de son ex-mari dans Julie de Carneilhan

Mélomane avertie, Colette collabore avec Maurice Ravel entre 1919 et 1925 pour la fantaisie lyrique L’Enfant et les sortilèges. A partir de cette époque, elle sera l’amie, entre autres, de la reine Elisabeth de Belgique et de la comédienne Marguerite Moréno, pensionnaire de la Comédie Française. 

En 1926, Colette achète à Saint Tropez, une maison qu’elle baptise « la treille muscate », elle y passera tous les étés jusqu’en 1938. En 1935 elle épouse Maurice Goudeket, son dernier mari qui l’aidera à supporter les douleurs dues à une arthrose de la hanche jusqu’à la fin de ses jours. En 1936, Colette entre à l’académie royale de langue et de littérature française de Belgique, l’écrivaine est alors au faîte de sa gloire et de son talent. Riche elle peut s’offrir et s’installer dans un appartement au Palais-Royal en 1938. Elle compte Jean Cocteau parmi ses voisins. 

En 1941, elle ouvre une boutique, rue de Miromesnil de produits de beauté à l’enseigne de Colette. S’en suit de nombreuses actions de promotion des produits Colette en province. La même année son mari est arrêté par les allemands puis finalement relâché après trois mois d’incarcération. 

En 1945, Colette est élue à l’unanimité à l’Académie Goncourt, dont elle devient présidente en 1949. En 1953, elle est promue officier de la Légion d’honneur

Elle meurt le 3 août 1954. Malgré sa réputation sulfureuse et le refus, par l’Église catholique, des obsèques religieuses, Colette est la seule femme à avoir eu droit à des funérailles nationales. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise à Paris. Sa fille repose à ses côtés depuis 1981. 

Pour mémoire, entre ses romans, pièces de théâtre et nouvelles, Collette aura écrit pas moins d’une quarantaine d’œuvres littéraires entre 1900 et 1949. L’ensemble de son œuvre fait maintenant partie de la célèbre édition de la Pléïade. « Gigi », « Minne », « Julie de Carneilhan » et  « Le blé en herbe », quatre de ces romans, ont été portés à l’écran. 

Enfin, en 1995, est ouvert le musée Colette, à Saint Sauveur en Puisaye, que nous vous invitons à visiter. 

Nous ne saurions terminer cette courte biographie sans souhaiter dire deux choses. 

La première, c’est que Colette fut un témoin de son temps, d’une époque charnière la première moitié du 20ème siècle, elle aura sut nous décrire des situations, des personnages reflets réalistes de cette époque qu’ils soient du milieu mondain parisien ou de la campagne. En cela lire Colette, comme nous allons le faire aujourd’hui, c’est tourner des pages peut-être pas de la grande Histoire, mais de l’histoire d’hommes et de femmes qui comme elle auront laissé des traces. 

La seconde pour réhabiliter quelqu’un qui finalement fut moins pire que ne voulu bien l’écrire Colette, son premier époux Henry Gauthier-Villars dit Willy. 

Il fut bien un noceur, un libertin avéré, il trompa son épouse à multiples reprises, personne ne dira le contraire, mais sans Willy, qu’aurait été Colette, lui consacrerions nous cet après midi ? 

Sans Willy, Colette serait-elle monté à Paris ? Serait elle devenue l’écrivain que l’on sait, aurait elle eu accès aux milieux artistiques, se serait t’elle produit sur scène, aurait elle fait la connaissance des plus grands écrivains du début du siècle, aurait elle connue les honneurs et la richesse ? Rien n’est moins sûr. Il était bon de rétablir cette part de vérité là, ce qui n’enlève rien au talent de l’écrivain Colette. 

BIOGRAPHIE DE Guy de MAUPASSANT 

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Guy de Maupassant, est l’un des écrivains français à la fois parmi les plus lus et les plus connus à l’étranger, cela grâce en particulier à l’adaptation de plusieurs de ses œuvres au cinéma. 

Guy de Maupassant est né au château de Miromesnil sur la commune de Tourville sur Arques en Seine Maritime, le 5 août 1850. Les Maupassant étaient une vieille famille lorraine installée en Normandie depuis peu. Du père nous ne dirons que le prénom : Gustave, il compta en effet très peu dans l’éducation de ses deux fils, Guy et Hervé, car séparé d’avec son épouse Laure Le Poittevin, très tôt, dès leur prime enfance. Laure Le Poittevin issue de la bourgeoisie était une femme d’une culture littéraire peu commune, surtout à l’époque. Elle appréciait beaucoup les classiques en particulier Shakespeare, elle eu sans nul doute une forte influence sur ce qu’est devenu plus tard son fils cadet Guy. Elle connaissait personnellement Gustave Flaubert, qui fut tout au long de sa vie, le mentor littéraire de Guy de Maupassant. 

Laure le Poittevin éleva seule, ses deux fils à Etretat. Guy de Maupassant y passa une enfance heureuse entre mer et campagne, entre amour de la nature et activités sportives. A treize ans il entre sur le souhait de sa mère au séminaire à Yvetot où il fait tout pour se faire expulser, n’acceptant pas cet enfermement et la rigidité de l’éducation. De cette époque il gardera tout au long de sa vie, une hostilité marquée pour tout ce qui touche de près ou de loin à la religion. Il entre ensuite au lycée de Rouen, où il se montre immédiatement un bon élève, s’adonnant à la poésie, c’est l’époque ou il écrit ses premiers vers, et participe beaucoup aux pièces de théâtre. 

Un peu plus tard, une fois le baccalauréat en poche, il participe à la guerre franco-prussienne comme volontaire. Une fois cet épisode terminé, il quitte la Normandie en 1871 pour rejoindre Paris où il passera dix ans comme commis dans les Ministères de la Marine, puis de l’Instruction publique. Le tout jeune homme sombre très vite dans l’ennui d’une vie routinière, heureusement Gustave Flaubert le prend sous son aile et guide ses premiers pas dans le journalisme et la Littérature. C’est l’époque ou il fait la connaissance d’Emile Zola, mais aussi de Tourguéniev. Il se met alors à écrire comme un forcené, ce qu’il ne cessera de faire tout au long de sa courte vie. 

En 1880, après des dizaines de nouvelles et de romans, il écrit Boule de Suif, qui devient immédiatement un succès littéraire et est considéré par la critique comme un chef d’œuvre. 

La décennie qui suit est la période la plus féconde dans la vie de l’écrivain, devenu célèbre, il peut d’adonner sans retenue à l’écriture et produira entre deux et quatre volumes par an ! Les chefs d’œuvre se suivent, en particulier, Une vie, en 1883, Bel Ami en 1885, Pierre et Jean en 1888. Son écriture est faite de petites touches, qui très vite, avec le recul, pourrait être décrite comme impressionniste, des touches, vives, précises, quelquefois acides, souvent drôles, dépeignant aussi bien la campagne normande, avec se paysannerie que la petite bourgeoisie provinciale. 

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A lire, Guy de Maupassant, où transparaît une humanité réelle, on ne peut se douter que l’homme à une profonde aversion pour la société, une aversion qui ne fera que s’amplifier au cours des années. Celle-ci le pousse vers la solitude, la retraite, c’est certainement aussi cela qui explique ses nombreux voyages tant en France, qu’à l’étranger, une manière de fuir, d’échapper à l’univers de ses semblables. 

Ce besoin de solitude, va devenir très vite maladif. L’instinct de conservation se développe, allant de pair avec une crainte constante de la mort, la paranoïa, mais aussi la schizophrénie, s’emparent de lui. La syphilis contractée durant ses jeunes années n’est certainement pas étrangère à ces maux qui le rongent. Le premier janvier 1892, il fait une tentative de suicide en tentant de s’ouvrir la gorge. Il est interné à Paris dans la clinique du docteur Blanche, où il meurt de paralysie générale le 6 juillet 1893, après dix huit mois d’inconscience presque totale. Guy de Maupassant n’avait alors que 43 ans. Il aura produit plus d’une quarantaine d’œuvres littéraires en nouvelles, romans et pièces de théâtre.

Passons maintenant à l’une de ses œuvres, « le Horla » qui fait aujourd’hui le thème de cette première Lecture publique proposée par notre association. 

LE HORLA 

La nouvelle de Guy de Maupassant « Le Horla » date de 1887. Elle connaîtra trois versions successives, tout d’abord sous le nom de la « Lettre d’un fou » sous la forme d’une longue lettre écrite à un médecin, puis déjà sous le nom de « Le Horla » sous la forme d’un échange dialogué entre le narrateur et des amis, enfin la dernière, celle qui vous sera présentée aujourd’hui, sous forme d’un journal. 

Un journal intime retraçant sur une période de cinq mois, de mai à septembre, la folie et la terreur vécue par le narrateur. La narration d’un homme hanté par son double, invisible, un être surnaturel qui agit à son insu : le HORLA, dont il perçoit chaque jour la présence de plus en plus obsédante. 

Certains à la lecture de ce texte, peuvent penser que son auteur était lui-même fou et décrivait par ce biais son mal. En fait il n’en est rien. Ce n’est que bien plus tard, que Guy de Maupassant pourra être considéré comme un paranoïaque ou un schizophrène. Par contre cette description « clinique » du mal, vécu par le narrateur de cette nouvelle, s’explique par la connaissance par Guy de Maupassant de ces maladies. N’oublions pas qu’il a connu le professeur Charcot et Sigmund Freud et qu’il s’est intéressé fortement à leurs travaux. 

D’où vient le terme « le horla » ? : Celui-ci aurait été inventé par Maupassant  Horla serait composé de hors et de là. Un être en dehors du monde, en dehors du monde des hommes, quelqu’un qui n’est pas leur semblable. Cela colle d’ailleurs assez bien avec la vie de l’auteur ! Le horla pourrait être aussi une déclinaison du mot normand « horsain » qui signifie en patois de la région : étranger. N’oublions pas que Guy de Maupassant connaissait parfaitement ce patois. 

Bizarrement aussi, et nous terminerons sur cette remarque, le narrateur de la nouvelle, échappe à sa terreur, à sa folie, à l’emprise du Horla, par des voyages. Cela ne vous rappelle t’il pas quelqu’un ? 

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