Classé dans : CONCOURS DE NOUVELLES
Kyoto
A ce moment-là, j’étais dans le train nous amenant à Kyoto pour aller voir mes parents. Tout se passait très bien, j’étais assis confortablement dans mon siège, les écouteurs aux oreilles et les yeux rivés sur le paysage qui s’offrait à moi. Il était l’heure de dormir mais je ne voulais pas fermer l’œil. Le ciel, ce soir-là, était dégagé et éclairé par la pleine lune. Tous les passagers du train dormaient à poings fermés. Tandis que mon regard fixait les étoiles, un nuage de fumée vint interrompre ce contact visuel. J’eus un petit mouvement de recul et le train s’arrêta brusquement. Toutes les lumières s’éteignirent. Plusieurs cris et pleurs d’enfants se firent entendre.
La voix du conducteur retentit : « S’il vous plaît veuillez ne pas paniquer, la situation est sous contrôle. »
Cela faisait maintenant vingt minutes que j’attendais, anxieux. Le conducteur n’avait pas fait d’autre annonce, les nuages de fumée s’étaient accumulés dans le ciel et les passagers commençaient à devenir nerveux. Sous le coup de la pression, espérant comprendre d’où venait ce nuage de fumée, j’avais décidé de prendre mon téléphone à la main et j’allai voir les actualités en direct.
Actualités : A cinq heures ce matin, un incendie important s’est déclenché en Antarctique, au centre de recherche où travaille le célèbre physicien Yuta Nakamoto. Nous comptons quatre morts et trente-neuf blessés dont le directeur de l’opération, Harry Jäger. Voici un témoignage de Yeosang Kang, un survivant…
Bouche bée devant mon téléphone, je n’osais plus bouger. « Ils parlent bien, du centre de recherche qui se trouve à vingt mètres de la centrale nucléaire NCT, la plus grande centrale nucléaire créée jusqu’à aujourd’hui ? » me demandai-je.
Le conducteur annonça alors : « Un problème sur les rails nous retardera de quelques heures. Encore désolé. »
Je ne savais pas quoi en penser. Cet incendie allait forcément atteindre la NCT et créer une explosion dont je ne voulais pas imaginer l’ampleur. Même si celle-ci se trouvait à des milliers de kilomètres, les effets se ressentiraient à coup sûr jusqu’ici. Je ne savais pas ce que cela ferait à Kyoto, mais je savais que ça ne serait pas joli du tout. Je soupirai légèrement avant de m’affaler sur mon siège. Mon regard se dirigea automatiquement vers la vitre.
: « L’évacuation immédiate du train est demandée, je répète, l’évacuation immédiate du train est demandée. » ordonna le conducteur.
Je me levai toujours pensif et me dirigeai vers la sortie. Par chance, une colline déserte se trouvait à proximité. J’allai au sommet de celle-ci. Mais arrivé, je tournai la tête et ne vis personne. Paniqué, je regardai vers le train, celui-ci était ravagé par les flammes. Déboussolé, je m’effondrai au sol. Je me demandais si personne n’avait survécu, si j’étais le seul à avoir survécu.
J’entendis alors : « Excusez-moi ? »
C’était une jeune fille d’à peine dix-sept ans. Je la regardai. Je me levai brusquement et lui pris les deux épaules.
Aussitôt, je l’interrogeai : « Où sont les autres ?! »
Elle me regarda d’un air surpris et paniqué et reprit :
« …… J..je ne sais pas, j’ai vu cette colline à l’écart alors je suis venue me mettre en
sécurité… »
Je lui lâchai les épaules et guettai les environs, à la recherche d’un quelconque survivant. Mais, personne. Nous étions donc les seuls rescapés de cet accident…
Après avoir repris mes esprits, je pris le bras de la jeune fille et descendis la colline pour rejoindre la forêt. Elle s’étonna : « Mais que fais-tu ?! ». Je ne répondis pas et lui demandai : « Comment tu t’appelles ? »
Elle resta silencieuse quelques instants. Nous pouvions même entendre nos pas dans la neige.
« Appelle- moi Jennie. » me dit-elle.
Alors je lui indiquai :
« Moi, c’est Lucas. Enchanté. »
Plus nous marchions, plus j’avais du mal à respirer. Mon souffle était saccadé et mon cœur battait tellement rapidement que je pouvais l’entendre taper contre ma cage thoracique. Sans m’en rendre compte, nous avions ralenti le pas. Je perdais facilement l’équilibre et les arbres n’aidaient pas. La nuit commençait à tomber. Je me disais que nous devrions peut- être trouver un endroit où nous pourrions dormir tranquillement. Je ralentis le pas et cherchai dans les alentours où nous pourrions nous reposer. Après quelques minutes de recherche, nous fûmes face à un grand sapin au tronc imposant. Je conclus que cet endroit me convenait, je m’arrêtai et m’assis au pied de l’arbre, me reposant ainsi sur son tronc. Jennie, ne comprenant pas mon geste, me lança un regard interrogatif auquel je répondis en tapotant la place à côté de moi, l’incitant à s’asseoir à mes côtés.
« Pourquoi vous être arrêté ici ? » s’étonna-t-elle.
Je protestai : « Tutoie-moi voyons, je ne suis pas si vieux que ça. »
De gêne, elle remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
J’expliquai : « Il fait nuit. Regarde. Il vaut mieux se reposer. Nous irons à Kyoto à la première heure demain. »
Jennie me demanda alors : « Toi aussi, tu sais, n’est-ce pas ? »
Je restai silencieux, l’incitant ainsi à continuer.
Et Jennie continua : « Je veux dire… l’incendie, la centrale nucléaire et l’effet que ça pourrait avoir sur… »
Je la coupai, élevant la voix :
« Dors, nous en reparlerons demain. »
Elle hocha la tête, hésitante, et reposa celle-ci sur le tronc du hêtre vert. Moi, je me contentais d’observer la vue que nous offrait la nature, emplissant nos narines de l’odeur boisée de la forêt. Ainsi je me laissai tomber dans les bras de notre amie Morphée.
» Lucas !! »
J’ouvris brusquement les yeux et une Jennie apeurée apparut devant moi. Je cherchais à comprendre la situation lorsqu’un énorme bruit se fit entendre. Je me levai alors en sursaut et accourus vers l’origine du bruit. Je courus, esquivant arbres, buissons et racines jusqu’à une falaise.
Mon cœur fit un bond.
L’atmosphère était si pesante. Mon souffle devenait saccadé et ça n’était sûrement pas à cause de deux minutes de course. C’était sûr, ça avait eu lieu, l’incendie avait atteint la centrale…
Jennie venait de me rejoindre, les larmes ruisselaient sur son visage pâle. Je ne bougeais plus, le regard visant le lever du soleil et mon visage s’habilla d’un voile d’inquiétude.
Je me mis à crier : « Mes parents. Mes parents ! Je dois absolument les rejoindre ! »
Je ne pris pas plus d’une seconde et me retournai, faisant ainsi face à la forêt épaisse.
« Qu’est-ce que tu fais ?! » s’inquiéta Jennie.
Je ne pris pas le temps de lui répondre et m’engouffrai entre les arbres. Je manquai plusieurs fois de tomber mais ceci ne me stoppa pas. Je ne m’arrêtais pas de courir et j’arrivai devant une étendue d’eau. « Une étendue d’eau ? pensai-je. Ne devrait-il pas y avoir une ville à cet endroit…? »
Wyam Akcha
__________________________________________________
L’HISTOIRE SANS FIN
J’étais assise sur le bord de la fenêtre, j’écoutais le vent souffler et la pluie tomber. Ce son m’était tellement familier. Cela durait depuis des semaines. Au début, cette tempête n’était annoncée que pour quelques jours mais elle n’avait pas cessé. Cependant personne ne se préoccupait de ce mauvais temps, ils disaient tous : « Ça va passer, ça va passer » mais ça ne passait pas. Moi je savais ce qui arrivait. Tous les actes commis par l’Homme allaient se retourner contre lui.
Un mois après le début du phénomène, tout le monde commença à s’inquiéter. La pluie battait jours et nuits, sans répit, telle une mélodie qui narrait un terrible drame. Les écoles et autres bâtiments publics avaient fermé et plus personne ne sortait de chez lui.
Puis, c’est un matin que ça se produisit. Il devait être neuf heures, je me levai comme tous les jours. Je regardai par la fenêtre mais on n’y voyait rien. Aucune lumière. Il faisait nuit. C’était la panique, les informations ne parlaient plus que de ça. Le soleil ne s’était pas levé. C’était un phénomène unique dans l’histoire, dans le monde entier où tous les jours le soleil se levait et se couchait amenant ainsi le réveil et le sommeil. Eh bien, à ce moment, il n’amenait plus rien. La terre entière était plongée dans une nuit éternelle, comme si on avait recouvert le soleil d’une énorme couverture.
Cependant ce phénomène ne dura pas longtemps car après avoir vécu deux semaines avec l’absence même de lumière naturelle et dans une tempête qui ne cessait toujours pas, quelque chose d’encore plus étrange allait se produire. Nous avions perdu toute notion du temps mais je venais de me lever et je ressentis un étrange pressentiment, comme un vide. Alors, je compris. La mélodie qui tambourinait aux carreaux ne se faisait plus entendre. La pluie avait cessé. Je m’habillai, descendis en flèche l’escalier et sortis. Je levai les bras au ciel : plus aucune goutte, plus aucune rafale de vent.
Deux jours après, un autre miracle vint semer l’espoir. Nous mangions dans la salle à manger, à la lumière des ampoules, quand ma mère poussa un grand cri. Elle avait aperçu par la fenêtre, un léger rayon rose. Le soleil se levait. Et tout le monde fêta son retour. La vie reprit son cours normal, les écoles et commerces rouvrirent. La population était rassurée. Mais moi, j’étais sidérée par son comportement. Nous venions de vivre les moments les plus troublants de l’histoire et on continuait de polluer et de commettre ces actes aussi terribles qu’ils étaient auparavant. Pourtant, ce qui s’était passé n’était qu’un avant-goût de ce qui allait encore se produire.
Ce matin-là, en sortant, je remarquais qu’il faisait chaud, vraiment très chaud et j’étouffais. Cette température, en plein mois de janvier, était anormale. Je rentrai, refermai la porte derrière moi et allumai la télévision : il ne manquait plus que ça, une pluie de météorites aussi appelées « boules de feux » s’abattait sur notre planète. Pas plus grosse que de la grêle, ces boules de feu nous avaient, une nouvelle fois, tous replongés dans le désespoir. Les gens s’affolaient de nouveau. Ils ne voulaient donc pas voir les choses telles qu’elles étaient : c’était la fin du monde. L’espèce humaine avait détruit la plus belle chose qui n’ait jamais été : la Terre. Je me dis que tout allait brûler. Et c’est exactement ce qui se produisit. Tout prit feu. C’était comme si le soleil s’émiettait. Tout s’enflammait tandis que tous criaient, fuyaient ou mouraient. La fuite ne servait à rien car on ne pouvait pas échapper à la colère de la Terre. La roue tournait et c’était maintenant à l’Homme de payer pour tous les crimes commis.
Cependant je voulais faire une dernière chose avant de brûler vive. Je montais l’escalier menant à ma chambre et je m’assis à mon bureau pour écrire l’histoire depuis le début. Quand j’eus fini, je pris un carton et y mis la lettre, mon portable, des photos, des cartes du monde, des journaux et des livres. Puis je sortis, malgré les cris de ma mère et je montai dans la voiture. Je conduisis jusqu’au port tout en évitant les incendies, les fossés et les obstacles. Je m’arrêtai au port (du moins ce qu’il en restait) et m’agenouillai au bord de l’eau. On voyait toujours ça dans les films, dès que la personne allait mourir elle mettait des souvenirs dans un carton et les jetait à la mer. C’est ce que j’allais faire : laisser des traces de notre monde à la future espèce qui nous remplacerait (si du moins il y en avait une). Je ne voulais pas que ces êtres fassent les mêmes erreurs que nous.
Alors si vous trouvez cette lettre, je vous en supplie, faites quelque chose pour sauver ce qu’il reste de notre planète et ne la souillez pas comme nous l’avons fait.
Aya Bouir
_________________________________________
CONCOURS DE NOUVELLES 2020
« Dans le train »
En cliquant sur le lien PDF ci-dessous, vous aurez accès au règlement de notre concours de nouvelles
Reglement concours nouvelles 2020
et en cliquant sur le lien PDF ci-dessous, à la fiche d’inscription correspondante, qu’il vous suffira d’imprimer et compléter avant de nous l’envoyer avec vos manuscrits :
Fiche inscription concours nouvelles 2020
Les prix réservés aux lauréats de ce concours seront remis lors d’une rencontre publique le 7 juin 2020 à Saint Florentin (89600) où tous les concurrents sont invités à participer.
Nous attendons vos oeuvres avec grande envie …